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Eyes wide shut

L'homme endormi - Carolus Duran.jpg

C’est très étrange, et sans doute parfaitement ridicule ; ou du moins cela semblera tel à quiconque ne s’est jamais vraiment essayé à l’imbécile chose d’écrire. Tout descendait très bien depuis le début du mois d’août, les pages s’empilaient doucement, presque une par jour. Et tout à coup, un blanc. Plus rien. Exactement comme un trou de mémoire. J’ai passé plusieurs jours, presque une semaine, à buter, reprendre, tourner dans ma tête puis sur le papier, cinq ou six paragraphes. Puis je les ai jetés. Ma tête alors est devenue une machine à triturer ces pauvres mots absents, et elle ne me laissait pas de répit le jour, et la nuit retardait  mon sommeil. J’ai recommencé, directement à l’écran, vas-y, balance. Des pages d’une soupe infâme. Alors j’ai renoirci du papier en copiant à la main ce qu’il y avait à l’écran, corrigeant à mesure, j’ai fait des flèches pour tenter d’ordonner les choses, puis j’ai bousillé de pâtés ce à quoi menaient ces flèches ; puis j’ai réduit drastiquement ce qui restait, sacrifiant de nouveaux détails, les abandonnant à l’imagination de quelque très hypothétique lecteur. Et je suis enfin arrivé à cette seule phrase, dont au moins je suis certain qu’elle est aussi claire que banale :

 

Il ouvrit les yeux.

 

Et c’est tout. N’est-ce pas une phrase parfaite ? – Et d’ailleurs, ce sera tout.

(Du coup, je me suis donné dix minutes pour écrire ce billet...)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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