Et cependant, pour fonder une république, maintenir des Etats ; pour gouverner un royaume, organiser une armée, dispenser la justice, accroître son empire, on ne trouve ni prince, ni république, ni capitaine, ni citoyen, qui ait recours aux exemples de l’Antiquité. Cette négligence est moins due à l’état de faiblesse où nous ont réduits les vices de notre éducation actuelle, qu’aux maux causés par cette paresse orgueilleuse qui règne dans la plupart des Etats chrétiens, qu’au défaut d’une véritable connaissance de l’histoire, de la lecture de laquelle on ne sait plus retirer le fruit ni goûter la saveur qu’elle contient. Aussi la plupart de ceux qui la lisent s’arrêtent-ils au seul plaisir que leur cause la variété d’événements qu’elle présente ; il ne leur vient pas seulement en pensée d’en imiter les belles actions : cette imitation leur paraît non seulement difficile, mais impossible ; comme si le ciel, le soleil, les éléments et les hommes eussent changé d’ordre, de mouvement et de puissance, et fussent différents de ce qu’ils étaient autrefois.
Machiavel, avant propos du Discours sur la première décade de Tite-Live
Commentaires
Je repense à ceci, en vous lisant :
"Celui qui de 3000 ans ne sait pas rendre compte, qu'il demeure ignorant et dans les ténèbres, qu'il vive du jour au lendemain." C'est de Goethe, je crois.