Il avait trouvé l’abîme en lui. Peut-être l’avait-elle ouvert, en effet. C’est possible. S’en vantait-elle ailleurs ? Peut-être. Le couple roulait des yeux émerveillés sur son néant. Ils se marièrent, un printemps. La passion s’éteignit lentement, un peu plus vite sur sa fin à mesure qu’ils y songeaient moins. Il travaillait beaucoup, jusque tard ; elle un peu moins. Elle lui cracha quelques enfants, qu’il coiffa de son nom. Routines, habitudes, cris d’enfants. Un coup de gueule de temps en temps. Routines, habitudes. On les leur reprochait : leur entourage les trouvait sages, eût souhaité quelques rots passionnels dans cette digestion tranquille. Mais ce malheur leur fut épargné. Les enfants quittèrent la maison. Il mourut d’abord, elle ensuite. Voilà, ils sont dans ce caveau modeste que la mousse envahit, sous une petite croix.
Commentaires
Et la mousse ? Que dit-elle ?
C'est en effet toute la question. Que l'histoire ici ne tranche pas (sauf, peut-être, par son titre).
Avant "ça" nous vivions l’un contre l’autre et a contrario libres de nos mouvements. On se pensait serré à la vie, celle qui nous semblait vraie.
Nous ne nous posions pas de questions, nous nous aimions, un duo se satisfaisant des buts, ceux mis en commun : le bonheur de notre enfant, la maison tout équipée et des fleurs dans le jardin. À la réflexion, un couple bien assorti à l’intérieur du cadre, peut-être celui d’une photo trônant sur le buffet.?