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Crépuscule

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Enfin une chose que ce monde réussit parfaitement : faire coïncider exactement sa dimension comique et sa dimension tragique.

Lesquelles, pourtant, ne se mélangent pas.

 

Comprendre ce qu’il y a là-dessous de néant n’est pas une mince affaire.

 

Une phrase venue conclure une conversation des plus banales, entendue hier au troquet, peut-être, résume cela :

– Ouais… Même l’apocalypse est décevante…

Un éclat de rire suivit. Le gars qui avait causé riait tout seul. Et le silence lui répondit.

Par silence, j’entends : la radio en fond sonore.

Une bluette imbécile, passablement rythmée.

 

– Tu sais quoi ?

– Non…

– Tais-toi encore plus.

C’est ce que je me dis, souvent.

Mais je suis un incorrigible bavard, engeance d’homme.

 

Et puis non, ce n’est pas se taire, qu’il faudrait, mais trouver le silence.

 

Trop faible foi.

Trop d’artifices mondains.

Trop de hurlements tus.

Ces soirs où je me sens un meurtrier…

Un meurtrier privé même du souvenir de son acte.

Et cherchant…

Cherchant vainement.

Au point de se sentir comme doublé de vanité.

 

La vanité fait un bruit de ronronnement continu, que d’abord on n’entend pas ; et l’on croit au silence ; puis l’oreille s’accoutume, détaille et réalise que le silence est absent.

Toujours une parole, même tue, peut-être surtout tue, abolit sinon ce silence attendu, du moins son illusion.

Et tant mieux.

 

Sans cette souffrance légère, presque inexistante, qui sentirait sa vie, le poids énorme de chaque matin pourtant neuf ?

La saloperie aussi sauve.

J’espère, en tout cas.

 

De la saloperie seule, oui, le salut peut venir.

Car ce qui n’est pas saloperie n’a nul besoin de salut.

 

(Je suis très légèrement ivre. J’ai bu très peu, mais suis debout depuis maintenant quarante-trois heures. Le moment du sommeil est repoussé à chaque seconde plus facilement ; l’effort consiste donc à se coucher, à présent. Bien. N’oublie pas que des gens t’aiment, connard.)

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